Il suffisait d’un signe. Avant d’attaquer le menu, Jean-Jacques Hilmoine a consenti à inverser l’ordre des délibérations portant sur le vote de la dotation de solidarité communautaire et des fonds de concours * : « Si ça peut faire en sorte que cette réunion se passe sous des cieux sereins… » Sereins, peut-être pas. Apaisés, sans doute.
Mais pour en arriver là, que de stratagèmes ! Deux fois, l’opposition a manifesté sa défiance à l’égard du président en réclamant un vote à bulletins secrets. D’abord pour le compte administratif – celui-là même dont le vote avait tourné court à la séance précédente – puis pour le budget. « Dans une démocratie, les gens n’ont pas toujours envie de donner leur avis à main levée », analyse Mickaël Baheux, maire de Radinghem et l’un des leaders de la fronde. Par peur de représailles de la part d’un président à qui certains reprochent un brin de despotisme ? Jean-Jacques Hilmoine livre une analyse plus… tranchée : « C’est pour me casser les pieds. »
Les délégués redoutaient surtout que le président zappe tout bonnement l’attribution des fonds de concours et de la dotation de solidarité, comme il l’avait déjà fait pour celles de 2015. À la manière d’un père privant ses enfants d’argent de poche. « C’était une volonté politique, reconnaît-il. Je ne veux pas qu’on m’impose de financer les communes pour qu’elles n’aient pas à augmenter leurs impôts. »
Finalement, les 700 000 € d’aides aux communes sont passées comme une lettre à la Poste. Une grosse lettre qu’on aurait un chouïa poussé dans la boîte quand même. Restait donc à voter le budget, à bulletins secrets : 25 voix pour, 11 contre, 3 blancs. «
On a joué le jeu
», estime Jean-Marie Lubret, éternel opposant de Jean-Jacques Hilmoine. «
Je suis rassuré et très content pour les communes, ajoute Mickaël Baheux. On commençait à se poser des questions. Le président a des projets, c’est très bien. Mais nous aussi à notre petit niveau on a des projets. Les élus étaient dans l’attente de ce retour d’argent.
» Jean-Jacques Hilmoine, lui, soupire : «
La raison est en partie revenue.
»
* des aides financières pour les communes. Les fonds de concours leur permettent d’investir dans des projets. La dotation permet de partager les retombées fiscales issues de la taxe professionnelle.
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