Le microcrédit est une alternative aux banques pour les foyers modestes qui ont besoin de petits financements afin de monter des projets économiques. Cette solution qui s'est largement développée dans les pays du Sud, les plus pauvres, peut aussi s'avérer une source de surendettement. C'est ce qui ressort d’une étude publiée au début du mois par des chercheurs de la Business School de Londres et de l'Université occidentale de Sydney en Australie. Au Mali, où la microfinance existe depuis longtemps, on n'a pas attendu cette étude pour prendre conscience du problème.
Kafo Jiginew, « l'union des greniers » en bambara, est la première institution de microfinance du Mali. Née à la fin des années 80, cette mutuelle propose des microcrédits à partir de 10 000 FCFA (15 euros), et revendique aujourd'hui près de 400 000 membres, essentiellement des petits paysans, commerçants ou artisans.
« Mon client cible, c’est le secteur informel, déjà c’est un risque, explique Ibrahima Keita, directeur général adjoint de Kafo Jiginew. Pour la plupart, ils ne tiennent pas de comptabilité, ils ne savent pas tenir un compte d’exploitation, ils n’ont pas assez de repères. Donc nous, nous les accompagnons en termes de conseil, à la restructuration même de la demande, avant même de les financer. »
Eviter les prêts surdimensionnés, adapter les échéances de remboursement à la nature de l'activité, suivre le bénéficiaire, autant de précautions qui permettent d'éviter le surendettement.
Mahamadou Diallo est membre de Kafo Jiginew et travaille à son compte dans la construction : « Chaque fois que j’ai un marché, je sollicite l’aide de la caisse. Soit [pour] qu’ils me donnent une avance de démarrage, soit [pour] payer les matériaux dont on a besoin, les portes, les fenêtres… Quand tu fais la demande, ils regardent le montant réel du marché, le temps exécuté et le bénéfice que tu dois avoir après la fin du marché. C’est en fonction de ça qu’ils doivent diminuer le montant ou bien qu’il te donne le montant demandé. »
Selon la direction de Kafo Jiginew, seuls 5 % des bénéficiaires, en moyenne, ne parviennent pas à rembourser leurs dettes.
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