VOS RÉACTIONS - Manuels Valls et les organisations étudiantes se sont rencontrés ce matin. Plusieurs propositions en sont ressorties. Voici ce qu‘en ont pensé les internautes du Figaro.
Ce mardi matin avait lieu une réunion entre les organisations étudiantes et Manuel Vals, à Matignon. Deux jours après une large mobilisation contre la loi Travail, le premier ministre a annoncé, à l'issue de cet entretien, une série de mesures pour favoriser l'insertion des jeunes. Parmi elles, notamment, les questions de bourse pour les moins favorisés, la création d'un quota en BTS pour les bacheliers des filières technologiques, l'augmentation du nombre de places en BTS et enfin, l'augmentation des taxes sur le CDD. Vous avez réagi face à ces propositions. Retour en sept points de vue.
Francis P. est outré: «Augmenter le coût du travail pour régler le problème du chômage? C'est du grand art. On parle d'une loi Travail et les trois quarts de ces propositions n'ont rien à avoir avec le travail, c'est le premier point. Deuxièmement, la solution aurait sans doute été de faire un allègement de charge sur les CDI plutôt que des crédits qui ont coûté des milliards pour une efficacité quasi nulle.» Enfin, il conclut: «Ce sont les PME et les TPE qui ont le plus besoin d'aide et de flexibilité en matière d'emploi, c'est une loi pour eux qu'il faut faire et pas pour les grands groupes. Sinon, mise en place du chèque syndical et renforcement des accords de branche et/ou accords d'entreprises, bref en finir avec le jacobinisme qui est un naufrage.»
Pour Sév E., «les taxes sur les CDD c'est n'importe quoi! Les patrons embaucheront en CDI et vireront pendant la période d'essai... J'ai été embauchée dans un commerce de proximité. On m'a signé un CDI en tant que caissière et à la fin de ma période d'essai on m'a dit: ‘c'est fini parce que vous ne convenez pas'. J'ai appris par la suite que ce sont des habitudes, une façon de faire...» Elle dénonce par la suite les agissements de certains employeurs. «Je n'étais pas la première à en faire les frais et d'autres en ont subi la même chose après moi. Ces patrons embauchent et profitent du système pour ne pas avoir de précarité à verser. Pour le reste autant continuer à verser les bourses pourquoi pas, mais ça profitera toujours aux mêmes.»
Abdelkader B. axe ses remarques sur la question nationale. «Avant de regarder le coté matérialiste de la jeunesse, il faudrait d'abord l'intégrer dans un processus d'existence dans la nation. C'est à partir d'une volonté d'appartenance que la jeunesse pourra s'intégrer dans la vie de la nation, dans les domaines politique, culturel et économique.» Il montre sa confiance envers le gouvernement actuel. «Le premier ministre est encore jeune et donc devrait, à mon sens, se sentir plus proche de la jeunesse, d'abord en lui montrant sa confiance dans les jeunes et ensuite en cherchant à développer en eux des sentiments plus forts dans la conception de la vie d'une nation qui évolue plus en avant, dans un monde qui évolue à reculons.»
Hugo L. s'en prend à Manuel Valls: «Quand est-ce qu'il nous donne du boulot plutôt que d'offrir des cadeaux aux entreprises sans la moindre contrepartie sur l'emploi? Qu'il allonge le fric, comme il le fait pour aider les entreprises! Ces entreprises qui licencient malgré les aides qu'elles reçoivent et les exonérations d'impôts plus ou moins légales qu'elles obtiennent.» Il avance ensuite ses propres propositions. «Ce que je veux moi, c'est du boulot, pas quelques euros en plus sur mon compte en banque pour que je ferme ma gueule. Qu'il crée des emplois publics, qu'il aide les entreprises qui créent de l'emploi, qu'il prenne sur les bénéfices du CAC 40 ou dans la poche des banques, car au final ce sont ces nantis qui contrôlent le pays pendant que l'on crève de faim, malgré nos diplômes qui s'accumulent au fond d'un classeur.»
Fouad E. est consterné: «Quand va-t-on enfin comprendre dans ce pays que les embauches ne se font que dans une entreprise qui a un marché, des commandes ou du potentiel de commande? Les aides, taxes et autres ne servent à rien à part flatter telle ou telle partie de la population au gré des sondages d'opinion! Ces jeunes gens qui manifestent pensent pouvoir refaire Mai 68 mais il est facile de manifester en Stan Smith et avec son iPhone, payé par papa et maman. Ceux qui bossent, eux, n'ont pas les moyens de manifester...» Il a cependant sa petite idée pour y remédier. «La seule manière serait de mieux intégrer les entreprises dans l'école. Une solution serait que les entreprises projettent leurs visions du marché d'ici quinze, vingt ans, afin de former des jeunes actifs très vite opérationnels. Par exemple, nous savons que nous manquons de boulangers. Or, les facs de médecine de droit ou de philo sont bondées dès la première année. Au final, on a peu de boulangers et beaucoup de décrochage en cours de première année en fac. Le plus important c'est d'avoir une politique prospective qui permette aux entreprises de trouver du personnel qualifié.»
Pour Axelle C., il y a eu de l'oubli. «Et pour les étudiants non boursiers, pas d'aides financières? Papa et maman ne seront pas forcément derrière nous à la sortie des études en attendant de trouver un emploi! Pensez à prendre en compte les revenus des étudiants et non pas ceux des parents pour définir les ressources de ceux-ci… C'est simple, aujourd'hui pour bénéficier d'une bourse, ce sont les revenus des parents qui servent de référence. Effectivement, certains ont la chance d'avoir des parents qui payent. Mais pour la plupart, et dans mon cas, si j'ai fait le choix de faire des études, j'en assume les frais. Je trouve injuste de venir en aide uniquement aux parents qui ont peu de revenus.» Elle insiste sur la différence parents/enfants. «Je ne suis pas boursière, mais j'ai dû travailler durant mes études pour m'offrir mes frais de scolarité: ça c'est le besoin. Boursière au mérite après mon bac, on me l'a enlevé dès que mes parents ‘gagnaient trop'. Aujourd'hui, on aide les familles qui n'ont pas grand chose, mais qui pense aux jeunes qui travaillent et qui amènent des résultats? Là c'est le besoin avant le mérite... Quel est l'avenir de la France? Il faut développer les études en alternance. Voilà un moyen d'obtenir insertion et aides financières.»
Rémi S. «Ce qui m'inquiète le plus, c'est où est-ce qu'il trouvera cet argent? Dans l'endettement, bien sûr et l'endettement, c'est la remise à plus tard du paiement, donc on raquera de toute façon... Les propositions sont larges et audacieuses. Valls donne vraiment aux organisations de jeunesse tout ce qu'il peut mais, pour ma part, ce n'est pas tant les propositions qui m'intéressent mais plutôt leur financement. Moi aussi je peux dépenser de l'argent dans tous les sens mais ma banque va très vite me dire ‘stop'! Pour l'État, les marchés continuent à financer parce que les taux d'intérêt sont bas. Mais comment fera t-on quand ils vont remonter? L'État doit diminuer ses dépenses et ce n'est pas de cette manière qu'on va y arriver.»
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